Saturday, July 22, 2006

vendredi


Tout ce que je fais ces quelques jours a un goût prononcé de dernière fois.
Dernière sieste sur mon canapé trop dur, dans le courant d’air de l’après midi, avec arte muted en fond sonore.
Dernier passage à mon bureau, cadenas ridicule.
Dernière nuit à Beyrouth dans mon appartement plein de poussière noire qui colle.
Dernier ménage.
Dernier delivery de beu.
Dernière rave de pendant la guerre ?

Avant d’y aller, à cette rave, encore à la montagne, je recopie mon carnet de téléphone, et non seulement ça me semble sinistre, mais ça me pose une question philosophique de taille : est ce optimiste de penser que tous mes amis en partance vont garder les mêmes numéros de portable ?

Aujourd’hui notre petit groupe de néo montagnardes kesrouaniotes a été très efficace, 3 filles chacune dans une pièce, devant la mer, un ordi sur les genoux, à taper plus vite que leur ombre… c’est aussi le premier jour depuis le début des événements ou je mange et fume moins. Je suis moins devant la tele aussi. Ay me dit qu’elle aussi – dans sa montagne – souffre de la promiscuité avec toute sa famille, de l’over information, avant d’entrer dans les détails de la non activité, de l’incertitude, de l’ennui etc. etc.
Finalement on y va, à cette private party, à l’ex om. On refuse de regarder les infos avant, on bouge au coucher du soleil, on fait une route magnifique, le ciel est rose et dans la mer tous les bateaux qui sont la nous protègent… on est bien décidées à profiter de ce répit forcé des bombardements… confessions : j’ai du mentir, comme une petite ado, et dire que je devais passer la nuit à Beyrouth pour dire au revoir à Da…. Et j’ai aussi utilisé les évacués comme argument. Tant qu’ils seront la mon quartier – le port – ne sera pas visé.

On arrive en ville. Montagnes de poubelle, que plus personne ne ramasse. On passe devant le forum, ou les réfugiés sont accueillis. On croise des camionnettes chargées de matelas. Le silence est toujours sifflant. Mon immeuble est quasi vide. Sur les 5 étages – 10 appartements, 3 sont occupes en permanence. Et encore, Da va partir. Le voisin du 5eme installe une serrure à la grille de l’entrée. Ay m’a dit tout à l’heure que des appartements commençaient à être squattés dans son quartier.
Avant d’aller à la soirée, je lis le texte de Fisk. Du coup quand j’y arrive, je l’ai encore dans la tête. Avec la musique de G, cathartique, sensible, contextualisée, et mes souvenirs de cet endroit (avant d’être l’ex om, ça a été l’om, et encore avant, le mythique B018) ou j’ai juste grandi, j’ai la chair de poule… il y a une petite cinquantaine de personnes, entre le jardin dehors et dedans ou ça sent le rat mort. Le gardien, égyptien, s’est enfui, avec les clés, ce qui fait qu’ils ont du ouvrir la porte au chalumeau… Littéralement, on se sent underground. Irréductibles. Fetards. Cliché. Résistants. Inconscients. Futiles. Vivants. Hezbollesquement parlant, s’il y a des gens à degommer en priorité, c’est bien nous. Qui vivons libres. Indépendants et pensants. Et sensibles à cette musique qui sort du ventre de chacun.

3 Comments:

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