Sunday, July 23, 2006

torpeur dominicale


Mon père est très drôle bourré. Ses yeux deviennent tous petits. Il devient tout rouge. On boit pas souvent, en famille, même les dimanches. Il me fait un verre d’arak, gigantesque, qu’évidemment on ne me laisse pas boire en entier. Je tente une mini sieste sur la balançoire, puis mon amoureux m’appelle, j’ai tellement envie de me réveiller près de lui, ses épaules douces et chaudes le matin, alors quand j’ouvre les yeux pour lui parler, je suis entre frustrée et contente… on descend – ma sœur, Mi et moi- ensuite à Beyrouth, profitant de la sieste parentale. Quand j’étais toute petite, 2 ans, à l’heure de la sieste que je ne faisais pas, je recopiais le dictionnaire.
On passe au Torino, après avoir marché à raouché, beaucoup de tous petits poissons entre les rochers, des gens sur les rochers, des promeneurs. Soleil humidité poisse citadine. Mouches. Une fille du sud racontait au Torino que ses trois maisons – à khiam saadiyat et haret hreik – étaient foutues. Elle vit à achrafieh. Elle chante, elle revient d’ailleurs de haret hreik ou elle a été filmée chantant pendant des explosions.
C’est marrant j’ai aussi vu un type qui était à la fac avec moi, et que je pensais en afrique. Lui me pensait à dubai. Qui a dit que Beyrouth était une petite ville ?
Apres on est passés chez moi, j’ai fini de faire la poussière, un peu foncedée, de mes livres. Quelques explosions, panne d’électricité, bateaux en partance dans le port, Ly ne sait pas si elle revient chez moi, rentre chez elle ou va avec sa famille quelque part.
J’ai perdu deux tons, de teint. Je dois me maquiller. Mes cernes ne disparaissent pas. La marée noire a atteint beyrouth. Je rêve d’aller à la plage. Et de dormir chez moi.
J’ai beau savoir qu’on risque tous d’être séparés, bientôt, d’être chacun dans un coin du monde, je n’arrive à parler à personne. Je pense à ma grand mère, qui a vu tous ses enfants obligés de quitter il y a 30 ans, et qui revoit ça se profiler pour ses petits enfants. Elle a déménagé 3 fois à cause de la guerre.

Ce qui est très fatiguant aussi, à part les infos en continu, ce sont les théories. Les débats, les incertitudes, cette promesse que le pire est à venir.
Cette certitude aussi qu’après le pire il y a un après.

1 Comments:

Anonymous Anonymous said...

ici a Prague,dimanche - 20 heures. je suis sorti en pleine espérance de me changer les idées. a peine dehors, il pleut... et l'odeur de cette pluie d'été me rapelle les senteurs du pays et de sa terre tant aimée - jusque les dernieres pluies.
je replonge donc dans cet orient de rancoeurs, je ferme les yeux et je ressens sa mer, j'entends son bruit quand; soudainnement s'érige la montagne qui dégage une odeur de poudre d'il ya si longtemps.
je me demande. Est elle toujours la meme aprés toutes ces années ou le phosphore lui a telle donnée une nouvelle senteur - est ce devenu du piment?
inlassablement, je fini par realiser qu'il n'y a faire et que je suis condamné a penser a mon pays, a vous tous qui y etes encore. Je vous envie, c'est tout nouveau pour moi - je suis trop loin, moi qui a toujours revé de pouvoir ressentir encore une fois la magie de tous ces moments.
je décide donc de rentrer chez moi.j'ouvre mon ordi, me connecte au net, me connecte et decide de lire avec ardeur tout ce que vous y avaient laissé.
sans vous tous, qu'est ce que j'aurai fait ce dimanche d'été.

jean-pierre

10:59 PM  

Post a Comment

<< Home