Tuesday, January 23, 2007

brulot

Ce matin les odeurs de pneus brûlés m’ont tirée du lit. Le ciel au dessus de la ville était strié de colonnes de fumée noire. Curieusement, pas de bruits forts. Peu de voitures. Ly a pris un risque énorme en descendant au bureau. Du coup on est encore les seules ou presque à bosser. A la télé, personne ne fait un point clair sur la situation, ça m’énerve. Un peu plus tard dans la journée, on voit par contre très bien les gens se taper dessus. Ce matin il y avait quelques femmes parmi les manifestants, elles ont été complètement remplacées par des jeunes hommes armés de battes de base ball, le visage encagoulé. Au moment où je me demande si c’est pour se protéger de la toxicité de la fumée, un groupe de jeunes se lance sur une voiture garée, et l’explosent. Le verre vole.
Violence terrifiante. Camions de pneus venus approvisionner les barricades. Fumée fumée fumée. Je me demande de quelle couleur sera la poussière sur mon balcon ce soir. Et son épaisseur. Tas de sables et de pierres. Coups de feu. L’armée qui ne laisse passer que les véhicules chargés d’une mission blocatoire. Débordements. Blessés. Morts ? Pas de chiffres exacts, comme d’habitude, rumeurs rumeurs. C’est d’ailleurs je trouve très signifiant qu’ à la télé plutôt que de donner de l’info (des chiffres, des images, des faits) on commente. A la télé libanaise, il n’y a que des commentateurs. Depuis ce matin, un nombre ahurissant de gens ont telephoniquement donne leur avis analytique sur la situation mais pas un n’a juste décrit ce qui se passait. Ly va tenter de rentrer chez elle. Moi aussi.

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