Wednesday, November 22, 2006

Indépendamment de notre volonté

Je sors de chez moi dans le silence sifflant des plus beaux jours de la guerre, les gens sont tous braqués devant leur télé, depuis hier soir c’est le seul son qui se déverse dans les rues. A Saifi, deux cadavres en 2 D regardent dans la même direction, de l’immeuble du Nahar Gebran harangue une foule qui s’est émiettée, et devant le siège des Kataeb Pierre sourit pour toujours à sa montagne natale.

A Tabaris, l’asphalte est taché des cercles foncés et réguliers laissés par les pneus brûlés.
Poubelles renversées, police, barrages, armée, arrivée en une minute n’importe où, et partout télé, télé, télé …

Je n’ai pas du tout envie de revivre ce que j’ai déjà vécu cet été, moi qui m’obstine à vouloir travailler, dans une bulle d’hyperactivité artificielle, et le pays autour qui s’ensilence… le pire ce sont les gens avec lesquels on bosse, qui hésitent entre nous traiter d’inconscientes et nous applaudir.

De nouveau, on déjeune en famille devant une autre famille debout en noir qui serre des mains. Interchangeables images de condoléances à la libanaise, les hommes s’embrassent, les femmes les yeux bouffis se serrent à cote d’un cercueil, la foule dehors serpente, hérissée de gardes du corps.

En tout, depuis la mort de Hariri, et à raison de 3 jours de diffusion de chaque condoléance, on a vécu au Liban 18 jours de condoléances télévisuelles intégrales. Rien n’égale en chiantise une séance de condoléance en temps réel, filmée avec jusqu'à 5 cameras et commentaire lénifiant. Sauf peut être les 10 minutes obligatoires du journal télévisé qui racontent l’agenda du président…